
L’entrepreneur en technologie belge Davy Kestens, dont la précédente entreprise avait épaté la Silicon Valley, nous parle de sa nouvelle entreprise : Cake.
Qu’est-ce que Cake ?
Cake est une application bancaire gratuite qui donne à nouveau du rendement aux comptes.Nous procédons différemment, nous réécrivons les règles. Nous ne sommes pas une banque, mais une app neutre et conviviale, conçue pour améliorer les performances financières des utilisateurs.
Nous analysons les données financières et les habitudes des utilisateurs pour leur fournir des conseils personnalisés et automatisés. En leur permettant de se faire, de manière intuitive, une meilleure idée de leurs finances, nous voulons leur donner davantage de contrôle et en faire des citoyens éclairés en matière de finances. Nous sommes persuadés que cette démarche peut améliorer leur bien-être financier à terme.
Nous voulons, par ailleurs, que les comptes en banque de nos utilisateurs rapportent à nouveau de l’argent. Nous vendons à des tiers les statistiques globales des données de transaction anonymisées de groupes d’utilisateurs Cake. En échange, nous rémunérons les consommateurs sous la forme de versements sur leur compte chaque fois que leurs données sont traitées dans des statistiques vendues.
Les entreprises ont donc, elles aussi, accès aux statistiques et aux rapports basés sur les données de transaction des utilisateurs de Cake. Les données proviennent évidemment de vastes groupes d’utilisateurs et sont anonymisées. Des statistiques précises et en temps réel sur le marché, les concurrents et les segments de clientèle sont extrêmement précieuses pour les entreprises.
Les consommateurs ont de plus en plus conscience de la valeur de leurs données. Depuis la mise en œuvre du RGPD, ils sont inondés de demandes d’autorisation de cookies et de réception de mailings. Par conséquent, les consommateurs réalisent de plus en plus que leurs données personnelles ont de la valeur. Et si les données sont le nouvel or, cet or doit aussi revenir aux gens qui cèdent leurs données.
Les entreprises peuvent aussi, sur la base de modèles de transaction, faire des offres (cashbacks) à des segments d’utilisateurs ou leur soumettre de petits questionnaires (par exemple pour sonder leur satisfaction après un achat). Ces actions ciblées permettent également aux utilisateurs de Cake de gagner de l’argent.
Cake est un établissement de paiement agréé par la Banque Nationale de Belgique (BNB) depuis juillet 2019. Un bêta-test à grande échelle est actuellement mené avec près de 2 000 utilisateurs. Ceux-ci ont été sélectionnés parmi les quelque 8 000 personnes déjà inscrites sur notre liste d’attente. Le lancement public est prévu pour janvier. Tout le monde pourra alors télécharger l’app.
D’où vient le nom ?
Très bonne question. Depuis que l’idée de Cake a germé, fin 2018, de nombreux noms nous sont passés par la tête : d’abord Dino, puis Spencer. Mais nous n’étions jamais totalement emballés. La liste que nous avions dressée ne nous a pas vraiment aidés.
Nous avions dès le départ une idée claire de notre mission, de notre modèle d’entreprise et de la façon dont nous voulions développer notre application sur le plan technique. L’équipe derrière Cake possède énormément d’expérience dans le développement de logiciels et les opérations bancaires. Mais présenter cette histoire technique dans un langage compréhensible et convaincant pour le consommateur constituait un défi majeur. Chacun a bien sûr sa spécialité. Nous nous sommes donc tournés vers LDV United. L’agence nous a aidés à développer notre nom, notre logo, notre slogan et notre positionnement.
LDV nous a proposé quelques noms et nous avons tranché dès cette réunion. Nous avons d’emblée été enthousiastes quand le nom Cake s’est affiché à l’écran.
Il est idéal à bien des égards. Il fait avant tout écho à notre modèle d’entreprise : le consommateur reçoit une part honnête du gâteau que rapportent ses données. Qui plus est, il sonne bien dans toutes les langues européennes. C’était indispensable, car nous envisageons un déploiement rapide dans d’autres pays. Autre avantage : Cake n’est pas un nom que l’on associe spontanément au secteur bancaire. C’est ce que nous voulions. Enfin, le nom Cake se prête à une foule de jeux de mots créatifs et d’options visuelles : « c’est du gâteau », la « cerise sur le gâteau » ou encore les diagrammes circulaires en forme de gâteau.
Vous travaillez différemment de la plupart des entreprises (pas de bureaux, peu de réunions, choix des jours de congé). Comment goupillez-vous le tout avec 24 collaborateurs ?
Nous sommes effectivement différents sur pas mal de plans. Cette différence vient de l’intérieur. La mentalité de start-up est inscrite dans les gènes de Cake. Nous n’avons pas inventé cette culture d’entreprise. C’est ce que nous sommes vraiment.
« Keep it simple » : telle est notre devise. Les petites équipes flexibles peuvent obtenir des résultats époustouflants en faisant moins, mais en le faisant mieux et plus vite. C’est notre avantage sur un marché de mastodontes caractérisés par des procédures lourdes. Nous n’engageons du personnel supplémentaire que quand c’est absolument nécessaire et, dans la mesure du possible, nous automatisons chaque processus grâce à la technologie.
Nos collaborateurs sont prêts à aller plus loin, ils veulent créer de la valeur pour les autres avec loyauté. Ils s’approprient les projets dont ils sont chargés. Le travail représente une partie de notre vie et nous procure de la satisfaction. Ici, il n’est pas question d’équilibre entre travail et vie privée, mais d’équilibre de vie tout court. Vie et travail ne sont pas séparés, le travail fait partie intégrante de la vie.
Nous n’avons donc pas de bureau physique, alors que l’entreprise compte 24 collaborateurs. Nous voulons, en effet, rompre avec l’idée d’une banque basée dans un bureau en marbre hermétique où personne ne peut entrer. L’absence de locaux physiques oblige, en outre, nos collaborateurs (qui peuvent travailler de n’importe où dans le monde) à communiquer en toute transparence. La technologie moderne nous donne un sérieux coup de main : Slack, Monday, Zoom, tous les documents dans le cloud… Mais l’essentiel reste une communication claire et directe. Nous n’y allons jamais par quatre chemins. Quand l’un de nous a un problème, il en parle directement, sans ressasser. Cette transparence interne, nous l’appliquons aussi à l’extérieur, notamment sur notre site web, où nous présentons ouvertement nos moments clés, nos stratégies, etc. C’est le principe de « lead in the open ».
Mais nous prenons surtout beaucoup de plaisir. Et pas uniquement à distance. Nous réunissons régulièrement l’équipe (sur site) et prévoyons des activités collectives agréables, par exemple un barbecue ou un bowling. Tant qu’il y a toujours à boire et à manger, c’est le bonheur !